La rectrice de l’UCL, profitant de l’ouverture droitière de la DPC, affirme que tout le monde n’est pas fait pour l’université, qu’il y a d’autres voies et qu’on a d’ailleurs besoin de travailleurs sans diplôme universitaire. Mais que dit-elle vraiment ?
Joël Girès, chercheur en sociologie, lui aussi fin observateur de la vie universitaire, nous permet de comprendre qui sont ces « étudiants qui ne s’épanouissent pas à l’université » et qui devraient aller voir ailleurs.[1] En s’intéressant à la situation vécue par les étudiants, il montre comment les difficultés matérielles conditionnent les performances académiques des étudiant.es.
Le SETCa-SEL s’insurge contre le fait que le message de rentrée d’une rectrice d’université puisse être à ce point déconnecté de la réalité, comme si la réussite des parcours universitaires ne dépendait que des caractéristiques académiques des étudiants, de leur motivation, de la pertinence de leur orientation.
Le SETCa-SEL rappelle que les étudiants qui connaissent des difficultés matérielles rencontrent des privations qui les mettent dans des conditions défavorables à la réussite, tant au niveau matériel (logement, chauffage, équipement, syllabus, livre,…) que relationnel (loisirs, vacances). Les inégalités académiques sont liées aux inégalités de conditions de vie.
Le SETCa-SEL aurait aimé que les déclarations de rentrée de la rectrice de l’UCLouvain cherchent à encourager les étudiants qui, particulièrement en première année, tentent de faire mentir le déterminisme social.
Le SETCa-SEL invite les autorités académiques à s’affirmer aux côtés des étudiants plutôt que de les renvoyer à l’incongruité supposée de leur orientation. Ce faisant, les autorités académiques cesseraient de contribuer à renforcer les inégalités sociales et à les transformer en inégalités académiques.
Le SETCa-SEL demande au nouveau Gouvernement d’améliorer les conditions de réussite pour toutes et tous dans l’enseignement supérieur en général et universitaire en particulier. Les dispositifs d’aide à la réussite doivent être mieux financés et ne pas se cantonner à des stratégies de compensation du « déficit culturel ». C’est d’abord en mettant les étudiants dans des conditions matérielles dignes qu’on leur permettra de réussir. Pour cela, les dispositifs d’aide sociale destinés aux étudiants sont largement insuffisants. Ils ne concernent qu’un nombre limité d’étudiants et les montants octroyés sont largement insuffisants pour vivre dignement.
Le SETCa-SEL demande que le soutien matériel aux étudiants devienne plus structurel, plus développé et moins conditionné. L’objectif doit être d’ouvrir l’accès à l’enseignement supérieur et à l’enseignement universitaire en particulier, de créer pour toutes et tous les conditions matérielles favorables à la réussite du parcours académique et de fournir ainsi à chacun de vraies chances d’émancipation sociale.
[1] Étude publiée en septembre 2024 par « Brussels studies »[1], URL : https://journals.openedition.org/brussels/7842, ISSN : 2031-0293