Il y a plus d’un an et demi Delhaize annonçait la franchise de ses 128 magasins. Un vrai séisme qui fait encore trembler tout le secteur.
Nous sommes maintenant dans la toute fin du processus. Il reste une poignée de magasins encore à franchiser.
Ce sont 9.200 travailleurs qui ont changé de statut et qui doivent relever le défi de continuer à travailler dans la franchise. Pour certains, coup de chance, le franchisé est quelqu’un de charmant qui respecte les travailleurs et qui apporte du dynamisme commercial à son magasin. Pour d’autres la franchise, c’est l’enfer quotidien.
Jusqu’à présent, quand quelque chose n’allait pas chez Delhaize, nous avions un bataillon de travailleurs protégés, des représentants au conseil d’entreprise, des représentants dans les CPPT, des représentants syndicaux dans les magasins.
Avec la franchise, certains conservent certes une protection, mais c’est une protection toute théorique. D’organes sociaux, il n’est plus question.
Plus question d’ouvrir ton clapet pour ton collègue. Si tu l’ouvres, la pression s’accentue sur toi. Le harcèlement est quotidien. Ça, c’est le sort, dans la franchise, des travailleurs protégés. Dans quelques temps, de protection, il ne sera plus question. De protégés, ils n’ont déjà plus que le nom, c’est-à-dire qu’il faut respecter une procédure pour les licencier.
Leur vie au quotidien est peut-être encore pire que celle des travailleurs ordinaires. Ils ont eu l’habitude de prendre fait et cause pour leur collègue, de faire respecter les droits de tous pendant des années.
Chez Delhaize, être délégué syndical faisait sens. Chez les franchisés, c’est une croix lourde croix à porter. Plus question d’exercer un mandat, vous avez une étiquette dans le dos.
Nous voulons très sincèrement remercier tous les délégués, tous les travailleurs protégés, plus généralement tous les travailleurs qui, depuis le 7 mars 2023, après avoir souvent été délégués pendant 20 ou 30 ans, ont continué à défendre bec et ongles l’avenir du travail de qualité chez Delhaize.
Ceux qui ont été mis en échec par les tribunaux dans leurs actions de grève, qui ont subi des pressions, parfois innommables. Certains d’entre eux ont été licenciés, ont été poussés à bout jusqu’au burn-out, ou ont été poussés à la démission.
Merci à tous !
Nous avons aussi une pensée pour les délégués de Mestdagh qui se sont trouvés dans une situation similaire.
Ainsi que pour tous les délégués qui exercent au quotidien leurs tâches dans les entreprises, face à des logiques capitalistes, toujours plus dures, des logique de flexibilité, de rentabilité, de productivité qui leur sont imposées. Nous pensons à toutes ces personnes qui se battent pour la collectivité et pour la solidarité et dont le futur gouvernement n’aura de cesse que de remettre leur statut en cause, de limiter la liberté syndicale.
Des droits pourtant essentiels et fondamentaux si l’on veut une société démocratique. Alors, il y a des délégués Delhaize qui occupent pour l’instant une place dans nos pensées mais il y a aussi tous ceux qui se battent et qui continueront à se battre au quotidien. Être délégué, c’est avoir une protection, une protection très relative, mais c’est surtout avoir le privilège de défendre les autres et de défendre des valeurs collectives et de solidarité. C’est être exposé à la vindicte patronale plus que d’être protégé.
Alors, continuons le combat, ne lâchons rien, les organisations syndicale sont parmi les derniers et seuls contre-pouvoirs dans notre société ! C’est pour cela que nous sommes la cible des politiques de droite ! On ne lâchera rien !