En 2024, le combat féministe pourrait paraitre désuet, surtout au travail. Sauf qu’en pratique, les inégalités persistent sur le marché de l’emploi et au sein des entreprises.
Les crédits-temps
Il arrive dans une vie qu’un couple ait besoin de temps pour s’occuper des enfants ou pour prendre soin de sa famille. Dans un couple, c’est donc le salaire le plus bas qui réduira son temps de travail ou arrêtera son travail pendant un certain temps. Et qui a le salaire le plus bas ? Le plus souvent la femme… C’est donc elle qui met sa carrière parfois entre parenthèses pendant plusieurs années. Selon la Ligue des familles, 64% des personnes qui prennent un crédit-temps sont des mères, contre 36% de pères. Les femmes sont encore très majoritairement en charge des tâches familiales.
Nous constatons aussi qu’au hasard des réformes, ces périodes sont de moins en moins souvent assimilées pour la pension et donc diminuent vos droits pécuniaires, une double peine en soi.
Lors de ces périodes, vous êtes protégées contre le licenciement. Dans les faits, votre carrière ne progresse pas. Entre un individu à temps plein flexible et la personne en crédit-temps, qui va recevoir la promotion ? Sur papier, vous êtes protégées… seulement sur papier.
Nous souhaitons une augmentation des allocations de crédit-temps de manière à ce que les revenus les plus élevés participent aussi au système. La prise du crédit-temps par les femmes n’est pas que sociologique, elle est aussi liée à la réalité financière des ménages et à la hauteur des deux revenus.
Nous demandons aussi que le congé du père ou du co-parent après un accouchement ou une adoption soit allongé de 15 semaines pour tout le monde, ce qui devrait avoir un impact positif sur le partage des tâches au sein de la famille. Par ailleurs, une meilleure rémunération des congés parentaux inciterait davantage de parents (pères, mères, co-parents) à faire ce choix qui, aujourd’hui, est encore principalement posé par les femmes. Enfin, devenir mère ne doit pas être pénalisant financièrement.
Flexibilité : souvent les femmes qui paient plus
Quand les entreprises mettent en place la flexibilité, cela se traduit souvent par moins de conciliation vie privée/vie professionnelle. Pour se « donner bonne conscience », les employeurs mettent en place, avec l’aide du gouvernement, des sous-statuts hyper flexibles qui viennent directement concurrencer les travailleurs ordinaires. Souvent, on nous explique que cela est nécessaire en raison du manque de main d’œuvre.
Des flexi-jobers et/ou des étudiants envahissent alors les entreprises. Peu ou pas formés, ils viennent directement concurrencer l’emploi qualifié, étant moins chers et terriblement flexibles. Souvent, ce sont les travailleurs, voire même les travailleuses à temps partiel, qui n’accèdent plus à des heures complémentaires. Ces travailleuses, étant moins flexibles et plus chères, sont donc moins intéressantes : condamnées à rester à temps partiel.
De plus, les flexi-jobers seront plus souvent des hommes puisqu’il faut un travail à 4/5ème temps au moins pour accéder à un flexi-job. On se répartit donc la misère : pour augmenter vos revenus, vous acceptez un flexi-job. Pire encore, vous pouvez être pensionné et avoir un flexi-job, ce qui augmente encore plus les inégalités.
La solution qui permet de concilier la vie professionnelle et privée est la réduction collective du temps de travail avec embauche compensatoire et maintien du salaire. C’est aussi une solution neutre en termes d’égalité. Elle permet aussi de revaloriser les travailleuses à temps partiel.
Accueil des enfants : une inégalité vers le marché du travail
L’égalité sera réalisée lorsque l’accès à des milieux d’accueil de l’enfance sera effectif et suffisant. Souvent, on met sa carrière entre parenthèses, on diminue ses prestations parce qu’on ne trouve pas de crèche ou parce qu’elles ne sont pas dans les bons horaires, ou trop chères car commerciales. On se retrouve également face à des accueils extra-scolaires où en arrivant en retard, les parents doivent payer une sanction financière.
Nous voulons des accueils de l’enfance adaptés aux besoins des travailleurs et travailleuses, accessibles financièrement, avec du personnel en suffisance et formé, qui lui-même a des conditions de salaire et de travail correctes. Ceci nécessite évidemment une subvention correcte et pérenne. Responsabiliser les employeurs en réinstaurant une cotisation de sécurité sociale liée à la flexibilité croissante dans les entreprises est un minimum. Le même raisonnement vaut pour la fin de vie. Les services ne sont pas plus adaptés et ce sont à nouveau les femmes qui réduiront leurs prestations pour s’occuper du parent vieillissant…
En 2024 : changeons les choses
2024 est l’année des élections sociales. Vous pouvez changer les choses en vous présentant comme candidate mais aussi et surtout en votant pour la liste 3, pour un avenir plus social. Car plus que jamais, la voix des femmes compte.